S'indigner

S'indigner : éprouver de l'indignation, s'insurger, fulminer, protester, se révolter, se scandaliser, vitupérer...

"Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé."  
in Indignez-vous, Stéphane Hessel



photographie by Fukase.


L'humour de Cioran

"A quoi bon fréquenter Platon quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ?" in De l'inconvénient d'être né, Emil Cioran.

La caverne


Dans son allégorie de la caverne, Platon imagine qu’on place un groupe d’hommes enchaînés face à un mur, et qu’on les force à voir et à prendre pour seule vérité, les ombres projetées sur ce mur, grâce à une source lumineuse placée en arrière. Otages d’un contexte culturel, ils sont manipulés par ceux qui tirent les ficelles de leur servitude, que Platon appelle « les montreurs de marionnettes ». Ces faiseurs d’opinions, hélas, me font penser à de nombreux exemples politiques d’aujourd’hui qui sévissent dans le monde ou à notre porte et qui tente d’ « encaverner » la pensée multiple.
De plus, ces projections quasi « télévisuelles », que les hommes enchaînés « gobent » en permanence, résonnent aussi avec une tendance actuelle d’une partie de la société (manipulée par ce qu’on n’a de cesse de lui ériger en exemple) : passer son temps à projeter son égo dans une course à la notoriété, la richesse, la réussite, au détriment d’une nécessaire solidarité.
Mais plutôt que de penser, à la manière de Platon, que seul l’homme éclairé (le philosophe) demeure apte à décider de sortir de cette Caverne, où ni la liberté, ni la vérité, ne résident, on pourrait espérer que ce soient ceux qui en sont les non-conformes, les rejetés, les "indignés", pour reprendre Hessel, qui, d’eux-mêmes, choisissent de quitter un lieu devenu irrespirable pour eux. 

Un story-board conçu avec notre Jean-Claude Rozec !



C'est quoi un story-board ou scénarimage ? 
Pour ceux qui ne sont pas du sérail (pas nés avec au bout de la palette graphique, tout l'art de créer des mondes merveilleux avec des milliers de pixels) c'est  la représentation illustrée d'un film avant sa réalisation. Un document technique qui permet de planifier l'ensemble des plans qui constitueront le film.
Avec nous pour le story-board, une plume de maître : Jean-Claude Rozec, dont le dernier film "Maison de poussière" a une très belle actualité !

http://vimeo.com/73145852
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Rozec

Ailes ou racines ?

Un proverbe dit qu' "on ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes".
C'est ici que réside selon nous la clé du film. Notre destin, notre environnement, selon le caractère unique et précieux qui nous constitue va nous faire développer l'aspect qu'il manque à notre vie.
Un terreau respirable où il sera possible de s'installer et d'y faire pousser ses racines pour mieux évoluer et se poser enfin ?
Un ciel dégagé où l'on expérimentera notre liberté, où le vol de nos propres ailes vers un ailleurs multiple et différent sera possible ?

Une société qui s'octroie la terre sur laquelle elle réside et décide que la circulation des différences et des mélanges de culture seront néfastes, conduit tout simplement l'humanité à sa perte, à son abêtissement et sa stérilité.


La question de la place

Peut-être que parce que je ne crois pas à l’individu seul, pas plus qu'à l’identité collective, la question de la place m'obsède. 
Je suis même autant terrifiée par la solitude que par « la pensée de groupe ».
Ici, la pensée de groupe, la pensée totalitaire est poussée jusqu’à son paroxysme, à savoir : réussir à contraindre un peuple à vivre enfermé dans une caverne par peur du soleil et le convaincre que ses ailes, symboles de son envol et sa liberté individuelle et collective, est un atout purement accessoire à des fins esthétiques, normatives, égocentriques. Et au nom de ce dogme, établir la liste de ceux qui y ont leur place et ceux qui ne l’ont pas.
L’écrivain Jean Genet, devant le travail de l’artiste Giacometti, décrivait notre société, peut-être aussi notre humanité, comme une « communauté de solitudes ». C’est bien cette notion qu’il s’agirait d’admettre pour tenter le « vivre ensemble », et souhaiter pour chacun la quête et la conquête de SA place. 
Et c’est bien cela que les régimes totalitaires ou fascisants veulent nier pour faire des hommes un amalgame à la pensée unique et à la solitude commune.
Elice Meng

Les recherches Eleornithologiques !



Avant de concevoir des oishommes, Eleonora a su dessiner les oiseaux...

La genèse

"Le projet du film D'ombres et d'ailes a sans doute débuté dans l'esprit, il y a près de quatre ans, face à l'un des tableaux que j'ai peint pour une exposition intitulée "Là où vont les oiseaux sans ailes". 
Sur plus de deux mètres de long, une peuplade géante, s'est mise à interroger, chez ceux qui la recevaient, la question de notre place au milieu des autres.
Et si on les faisait parler ces oiseaux ? Et s'ils avaient quelque chose à dire ?
Et puisqu'écrire aussi est un médium que j'aime explorer, l'idée a cheminé, l'histoire qu'ils avaient à raconter s'est enrichie d'un imaginaire, de personnages et d'intentions scénaristiques et visuelles, sous l'oeil encourageant du producteur Mathieu Courtois.

Et nous y voilà. Embarqués dans la grande aventure du film d'animation, afin de voir en mouvement, en actions, en pensées, en partage, tous les non-dits du tableau muet et fixe.
Mais voilà, une raconteuse d'histoires n'est pas une scénariste, une peintre n'est pas une metteuse en mouvement d'images. Ma peinture n'a que rarement des décors, de la perspective. Elle se moque du volume et de l'horizon. Ma plume sait évoquer des choses sensibles, mais butte avec l'art du dire en images et en sons.
Il fallait persévérer dans le projet, oui, mais avec l'aide de quelqu'un.
Ainsi est née la collaboration avec Eleonora Marinoni, dont le talent et l'univers, la sensibilité et la virtuosité pour savoir créer des univers et les animer, m'ont fascinée.
Et travailler à deux sur un projet, certes, le re-dimensionne, mais surtout, l'enrichit."
Elice Meng

 


Un film...

D’ombres et d’ailes, est un film animé, inspiré par le "Mythe de la Caverne" de Platon, avec, pour personnages, de drôles d'oiseaux.
Métaphores des hommes, ces "plumus" nous parlent de la place de l’individu dans le groupe, du conditionnement par la pensée unique, de l’exclusion, du droit à la différence et à l’indignation,… et de l'amour.