les mots de Ciobeck...




















C’est curieux n’est-ce pas ?
Je respirais, j’existais, 
dans ce magma de vies, 
ce grand tout dont je faisais partie malgré moi ; 
mais je n’habitais ni un sol, ni un territoire. 
J’habitais juste un corps, des actes, une pensée, 
et puis le cœur de quelqu’un. 

Toi tu voulais être d’ici, 
des leurs, 
de cette communauté de solitudes, 
qu’un noir aveuglant nourrissait.
Tu pensais qu’uni, un peuple pouvait grandir, 
mais ce jour, 
presque sans prévenir, 
il en fut tout autre.

*

A force d’embrasser des ombres trop captives, 
il est venu du plus profond de toi, 
ce goût d’indignation.
Tu voulais rêver à d’autres possibles, 
et t’envelopper de nous, encore.
Mais plus ici. 

Ici ou ailleurs 
c’est toi qui m’importait. 
Pas le reste du monde

*

Je croyais que se taire était le moyen de survivre, 
alors que tout chez toi appelait la révolte. 
Ton corps s’entourait peu à peu d'une écorce ténue, 
tes plumes poussaient en feuillage, 
tes ailes en branches 
et des racines immobiles collaient au sol tes pieds.  

J’avais peur de ta mort.
Toi tu pensais à ma vie.

*

Je t'ai comprise, un jour. 
J'ai entendu dans le silence de ta nuit, 
je l'ai lu dans les fissures de ta voix,
l’espoir 
d’un terreau respirable 
où nous trouverions dès lors des racines 
pour savoir de quel bois nous sommes faits 
et des ailes  
pour éprouver de quelle apesanteur nous sommes capables.

… Et puis, 
enfin, 

notre juste part d’ombre.


*


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire